Durant très longtemps, partager le savoir a été le moyen de faire reculer les idées fausses, les mythes et les légendes. Bref, la connaissance apportant sa lumière faisait reculer la peur.
De nos jours, toutes les connaissances humaines ou presque sont en accès immédiat. Mais, comme la réalité de notre monde, elles sont aussi de plus en plus complexes, difficiles à appréhender. Il n’y a plus un seul discours, une seule ligne, une explication universelle.
Et c’est là que le bât blesse : simplifier les problèmes donne l’impression, fausse, de les résoudre. C’est plus facile, plus simple : le bien et le mal, le blanc et le noir. Au moins là, c’est clair et les choix à faire évidents. C’est tellement moins stressant de réduire le changement climatique aux moteurs diesel. Roulons électrique ! Sans réfléchir aux conséquences de l’exploitation à outrance des métaux rares, à comment ensuite gérer les déchets des piles de lithium, à l’esclavagisme des enfants travaillant pour cela, à la chaleur produite par les usines d’assemblage, à la dépendance économique créée, etc…
Oui, vive la solution facile, même illusoire, elle est plus rassurante que la réalité complexe et terrifiante. Il est plus acceptable de se considérer comme victime des agissements maléfiques d’un Super-Vilain que d’admettre que toute l’espèce humaine est à la merci d’un virus propagé par des chauves-souris.
Ajoutez à cette propension naturelle de notre cerveau la défiance actuellement extrêmement forte éprouvée face aux élites dirigeantes dont les actions et les explications, de plus en plus complexes, sont de moins en moins lisibles pour le grand public. On ne comprend pas, donc on se méfie et on critique. Et toutes les critiques sont désormais accueillies, voire validées, simplement parce qu’elles sont des critiques justement ! Plus besoin d’étayer, il suffit d’accuser. Et, par un phénomène bien connu, même si on est innocent, le seul fait de chercher à se justifier vient renforcer le doute et la méfiance encourus.
Cependant, un simple coup d’œil au fonctionnement des grands « centres de pouvoir » mondiaux suffit à se convaincre que de très nombreux facteurs connus et simples suffisent à expliquer les catastrophes, aucun besoin de Diable pour cela ! Les intérêts conflictuels, les rancœurs personnelles, les incompréhensions, les hasards, tout cela suffit parfaitement.
Du coup, pour ne pas devenir victimes d’un aveuglement volontaire, certes confortable mais potentiellement très dangereux, il est temps de secouer notre paresse intellectuelle et de faire travailler notre sens critique.